Finalement, Morrison délaisse ces modèles métafictionnels au profit de la narration. L’importance des couleurs chez Morrison réside dans la façon dont elle les laisse coexister : elle les associe comme s’il s’agissait d’un « patchwork » ou d’une étoffe bariolée elle les combine comme les plantes dans le jardin de Sethe (toutes ces images sont des icônes métafictionnelles) de façon à ce que les couleurs entrent en relation les unes avec les autres. L’étude des associations entre les différentes couleurs, événements, modalités et cadres du roman permet de cerner avec plus de précision le symbolisme des couleurs chez Morrison. En fait, dans Beloved, on découvre un spectre beaucoup plus large. Paradoxalement, elles tendent à effacer plutôt qu’à renforcer les oppositions raciales, tout en complexifiant les référents raciaux auxquels elles sont traditionnellement associées.
Bien que l’on trouve de nombreuses références au blanc et au noir, les deux extrêmes du spectre revêtent des connotations inattendues. L’étude des couleurs dans Beloved montre la façon dont Toni Morrison reconfigure les diverses couleurs dans des ensembles plus complexes que l’opposition, idéologiquement marquée, entre le blanc et le noir.
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